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Le blog de JR FAIVRE

7 novembre 2014

Les limites de la démocratie parlementaire

Notre pays connaît actuellement une période d'instabilité et vit cependant toujours son existence sociétale dans le cadre d’une démocratie, dont la définition reste la suivante : « la démocratie consiste dans l’exercice, soit direct, soit indirect, du pouvoir par le peuple. Cette organisation politique implique un état social caractérisé par le fait que tous sont égaux devant la loi, que tous possèdent les mêmes droits. » (Larousse)

Il convient de compléter que la démocratie, est un système politique dans lequel la souveraineté émane du peuple (principe de souveraineté) sans qu’il y ait de distinctions dues à la naissance, la richesse, la compétence … (principe d’égalité)

Cette définition relève de quelques principes et fondements qui reposent sur les points suivants :

La liberté des individus

La règle de la majorité

L’existence d’une constitution

La séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire)

La consultation régulière du peuple (élection / référendum)

La pluralité des partis

et entre autre l’indépendance de la justice

Par opposition à la démocratie, on trouve :

La monarchie absolue (pouvoir aux mains d’un seul homme)

L’aristocratie (pouvoir aux mains d’un petit nombre de personnes)

La théocratie (pouvoir aux mains d’une caste sacerdotale)

L’empire, la dictature … les régimes totalitaires etc.

Ceci étant dit, il nous faut préciser que nos aïeuls ont fait des choix qui s’imposent à nous par le jeu de la démocratie représentative, ce qui a pour effet le fait que les citoyens expriment leur volonté par l’intermédiaire de représentants élus à qui ils délèguent leurs pouvoirs. Ces élus disposent d’un mandat représentatif qui est d’autre part un mandat pseudo impératif (l’élu est désigné sur des bases à priori contraignantes), même si la réalité des faits ne paraît pas si évidente que cela à ce sujet.

Cette démocratie représentative s’oppose à la démocratie directe.

Et par démocratie directe, il nous faut entendre une des formes premières de la démocratie, le peuple exerçant directement le pouvoir politique.

La nation est le pouvoir judiciaire dans la limite de la raison et de l’instruction que possède chaque individu Mais … qui décide de ces aspects ?

La démocratie directe est un processus collectif de décisions qui se fonde sur une organisation horizontale, plutôt que hiérarchique, de la société humaine C’est surtout un concept.

La démocratie directe s’exerce avec quelques outils tels que : le référendum – les assemblées locales – les initiatives populaires – les pétitions …

Une autre option existe également, la démocratie semi-directe : qui combine la directe et la représentative Les citoyens élisent leurs représentants qu’ils chargent d’établir les lois, mais ils peuvent aussi être amenés, lors de référendum à approuver ou refuser des lois.

Une démocratie participative peut laisser les citoyens s’exprimer sans jamais leur accorder le pouvoir de décider. Dans ce cas le peuple n’a pas le pouvoir, ce n’est pas une véritable démocratie.

A noter  l’article 3 de la constitution française du 04 octobre 1958 qui précise : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants ou par la voie du référendum » sans oublier que nous sommes avant tout dans un régime de démocratie parlementaire et que la décision du référendum n’appartient pas au peuple.

Pour le fun, … il existe dans certains États des États-Unis ce qui est appelé le « recall » (rappel) qui donne la possibilité par voie référendaire d’interrompre le mandat d’un élu ou d’un fonctionnaire (ex. Gray Davis gouverneur de Californie en 2003).

Ceci étant posé, qu’est ce que la représentativité ?

La représentativité est par définition le caractère reconnu à une personne, à un parti, à un syndicat, ou à un groupe organisé de représenter ses mandants. Elle donne la possibilité de parler ou d’agir en leur nom pour défendre leurs intérêts et leurs aspirations.

La représentation est le pouvoir législatif exercé par les élus au nom de leurs électeurs, qu’ils aient ou non voté pour eux.

Or, à quel phénomène  assiste-t-on aujourd’hui ?   

De tous côtés du pays, on voit la gronde s'installer, la remise en cause des principes et des règles, des lois. En se posant tout à la fois en tant qu'acteur de la société civile, mais plus encore comme un observateur, on assiste à l'insatisfaction grandissante de la population, des électeurs, du peuple au sens large du terme. Cette insatisfaction s'exprime de diverses manières que l'on peut considérer comme de la désobéissance civile, ainsi :

Des élus, alors qu'ils sont les gardiens de l'ordre dans leurs territoires, refusent l'application des lois (par ex. le mariage pour tous) , et les manifestations perdurent alors que la loi est votée,

Les Bretons qui revendiquent, voire saccagent des équipements au moment de la mise en œuvre de  l'éco-taxe,

Des parents d'élèves, enseignants et maires qui font barrage à l'application de la réforme du rythme scolaire,

Le futur aéroport de Nantes (Notre Dame des Landes) remis en cause par un collectif d'écologistes et de quelques agriculteurs alors que les tribunaux ont porté jugement,

Nombreux sont les exemples qui vont dans le sens du déni de la loi et de ses règlements, nous sommes typiquement dans cette approche de la désobéissance civile.

La désobéissance civile remet-elle en cause les principes de la démocratie représentative ?

La désobéissance civile peut être considérée comme une forme de résistance passive qui consiste à refuser d'obéir aux lois ou aux jugements d'ordre civil.

Son objectif est d'attirer l'attention de l'opinion publique sur le caractère ressenti comme inique ou injuste d'une loi, avec l'espoir d'en obtenir l'abrogation ou son amendement.

Ceux qui pratiquent ce type d'action sont prêts à encourir les peines qui pourraient leur être infligées pour avoir enfreint les règles en vigueur.

L'un des premiers à avoir théorisé sa pensée à ce sujet est l'écrivain américain Henry David Thoreau (1817-1862) dans un livre paru en 1849 intitulé « Désobéissance civile ». Il faisait suite à son refus de payer l'impôt levé pour financer la guerre contre le Mexique. Pour ce chantre de la désobéissance civile, le point majeur qui ressort est que l’État détient son pouvoir de l'individu.

Ainsi, la désobéissance civile se manifeste par des éléments tels que :

-        une infraction consciente et intentionnelle

-        un acte public ayant une valeur symbolique pour sensibiliser celles et ceux qui n'auraient pas conscience d'un fait jugé injuste

-        un mouvement collectif

-        l'utilisation de moyens pacifiques

-        l'acceptation des risques de sanctions

-        l'appel à des principes éthiques estimés « supérieurs » à la règle en cours

Deux faits majeurs de désobéissance civile ont marqué la fin du 19ème siècle et la moitié du 20ème, s'agissant de l'appel de Gandhi (1869-1948) pour dénoncer les lois injustes de l'empire colonial britannique et qui ont abouti à l'indépendance de l'Inde et le mouvement des droits civiques de Martin Luther King afin d'abolir les lois de ségrégation racial.

Il est à noter cependant que  la désobéissance civile se distingue de la révolte classique dans le sens où cette dernière oppose la violence à la violence. La désobéissance civile est plus subtile, refusant la complicité avec un pouvoir estimé illégitime et de nourrir ce pouvoir par sa propre coopération.

Dans le « discours de la servitude volontaire » De La Boétie (XVIème s) démontrait que le pouvoir d'un État repose entièrement sur la coopération de la population. Ainsi, dès l'instant où la population refuse d'obéir, l’État n'a plus de pouvoir. Un peuple peut donc résister sans violence par la désobéissance et provoquer l’effondrement d'un État considéré comme illégitime, car, disait-il, le pouvoir le plus féroce tire toute sa puissance de son peuple. Encore faut-il une prise de conscience générale et le courage des premiers militants pour que ce principe reste efficace.

Quelques sociologues se sont attachés à définir la désobéissance civile tels que  :

-        John Rawls pour qui elle peut être définie comme un acte public, non violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener un changement dans la loi

-        ou encore Jurgen Habermas qui, quant à lui pense que la désobéissance inclut des actes illégaux, généralement dus à leurs auteurs collectifs, définis à la fois par leur caractère public et symbolique et par le fait d'avoir des principes, des actes qui comportent en premier  lieu des moyens de protestation non violents et qui appellent à la capacité de raisonner et au sens de la justice du peuple.

N’atteint-on pas alors les limites de notre démocratie ?

Le concept de démocratie a ses propres limites en matière morale puisqu’il revient aussi à la contrainte d’une partie de la population par une autre partie.  C'est en s'appuyant sur ce principe implicite d’oppression d’une partie de la population par une autre partie que certains revendiquent moralement un droit d’ignorer l’État, dont une application pratique est cette désobéissance civile (mariage pour tous)

La concentration extrême des pouvoirs entre les mains de quelques uns questionne quant à  la nature de notre démocratie. L’abstention, de plus en plus forte dans notre pays, pose également le problème de ce que projette ou plutôt ne projette plus la démocratie, ainsi que la représentativité des élus. Sans compter l'absence absolue de reconnaissance du vote blanc ou nul, lequel ne trouve pas sa place dans les comptages, ce qui peut éventuellement expliquer une partie de l’abstentionnisme. Le réel  problème de l’élection repose en fait sur un non-choix des dirigeants qui s'abstiennent de prendre les décisions difficiles s’imposant car ils pensent, trop fréquemment, à leur réélection  et qu'ensuite dans ce débat, celui de l’élection en elle-même, les politiques sont dans une surenchère permanente avec en corollaire une perte de confiance des électeurs.

Combien avons-nous rencontré d'élus, qui sans le dire bien évidemment, confisquent son pouvoir au peuple et pensent : « j’ai été élu, vous n’avez rien à dire ; je sais mieux que vous ce qui est bien pour vous ! »

De plus en plus, les élections ne sont que des campagnes publicitaires où ceux qui ont le bon slogan l’emportent. On peut légitimement penser que le droit de vote n’est que l’illusion d’avoir son mot à dire.

C'est ainsi qu'aujourd’hui, la démocratie jouit d’un statut d’intouchable qu’elle ne mérite peut être pas …

Toute l’astuce de cette pseudo démocratie repose sur l’octroi aux citoyens d’un droit de vote illusoire. Les citoyens ne votent rien ; ils élisent et ils n’élisent pas qui ils veulent, mais qui est candidat.

Le principe de la démocratie directe … est-il seulement envisageable dans le contexte actuel ?

Si l'égalité politique n’apporte pas l’égalité économique … quel est l’intérêt ? il reste que la marge de manœuvre du peuple est étroit et que son pouvoir atteint rapidement ses limites !

3 options sont envisageables :

1)      se contenter d’un plus faute de mieux (laisser les riches dominer)

2)      écraser les riches (maintenir tout le monde dans la pauvreté ; communisme : déjà vu)

3)      faire la révolution (renverser l’argent au nom de l’égalité)

Aspirer à l’égalité signifie que l’égalité n’est pas !

Proposer simplement une réorganisation politique ne répond donc pas à la question : pour quoi faire ?

Force est de constater que l’époque met à bas la démocratie et ses fondamentaux. En intégrant la notion très à la mode de « participatif » dans les programmes politiques une porte grande ouverte s'est offert à l’anarchie et à la dilution du pouvoir, cette participation tant soulignée n'étant pas ou rarement appliquée.

Et alors, les limites de la démocratie représentative :

Après ce que l'on vient de dire, il semble important de nous attacher à ce qui nous concerne directement et au système qui régit nos relations, la démocratie représentative.

Dans un article récent, Claude Allègre s'exprimait en disant que le système démocratique est sans nul doute le meilleur système et le plus souhaitable. Aujourd’hui, la démocratie est devenue l’unique critère pour apprécier un pays étranger ! Doit-on fonder les relations internationales sur ce seul critère ? N’y a-t-il pas d’autres valeurs morales qui transcendent celle de démocratie ? ex liberté de penser, d’écrire , de voyager, d’entreprendre, de la justice …

Aujourd’hui, disait-il, permettre aux électeurs de mettre un bulletin dans l’urne ne signifie pas forcément démocratie (ex élections en Syrie aujourd’hui). Si la démocratie doit représenter le peuple, on constate qu’elle n’en représente qu’une petite partie.

Il faisait alors une proposition : rendre obligatoire la désignation des candidats par les citoyens .. les potentats de tous les pays et de tous les partis l’ont bien compris : l’important est d’abord d’être désigné (Fillon / Copé mais aussi au PS et dans les autres partis) . Comme on le fait « entre pairs », on évite les originaux et on reste dans l’endogamie ! J'ajoute alors qu'à ce stade, la prise en compte du vote blanc pourrait peut être trouver sa place.

De même, Yvan Blot (droite nationale et libérale) met en évidence la confiscation de la démocratie par l’oligarchie politique. Les députés reçoivent une consigne du Parti pour le vote de chaque loi.

Le vote à l’Assemblée se fait dans des conditions qui relèvent de la dictature !

Qui a une solution s'exclame-t-il ?  sachant que le niveau de formation de la population baisse si vite qu’elle ne sera bientôt plus en mesure d’appréhender les idées soumises par référendum !!!

Déjà J-J Rousseau dans sa lettre à d’Alembert professait : « jamais dans une monarchie, l’opulence d’un particulier ne peut le mettre au-dessus du prince ; en revanche, dans une république, elle peut aisément le mettre au-dessus des lois »

«  … les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires » (Du Contrat Social – Livre III – Chap 15)

Enfin, dans un article du Nouvel Obs baptisé « De la doxocratie : L'histoire dans la rue » en date du 28/10/2007 (il y a 6 ans!), Jacques Julliard  construisait ce terme, doxocratie, sur la base du grec « doxa » opinion et « kratos » autorité.

Il posait ainsi la question : « Sommes-nous en train de passer de la démocratie représentative de naguère à la démocratie d'opinion, que j'appelle « doxocratie »... Aujourd'hui, pour qu'une loi soit mise en application, elle a besoin non seulement d'un vote au Parlement mais l'aval de l'opinion publique, voire de la rue. C'est revenir aux origines antiques de la démocratie, avec ses avantages mais aussi ses dangers »

La transformation que décrit le terme doxocratie est le passage d'un régime parlementaire dans lequel l'électeur délègue sa souveraineté à celui qu'il élit, à un système où les citoyens entendent participer au gouvernement de la nation grâce aux sondages, à la télévision et à internet.

En ne retenant que l'étymologie du terme, on peut dire que la doxocratie est un système politique régi par l'opinion où règnent ces sondages, modes médiatiques, pensées dominantes et se traduit par une forme de populisme

En conclusion, quand j’ai raconté tout ça, qu’est-ce que j’apporte comme proposition, comme réponse ? A vrai dire, pas grand chose ! Je n’ai pas de solutions magistrales à suggérer, dans le sens où je me pose de nombreuses questions sur notre devenir et inflige ainsi mes inquiétudes. Aussi, je me rends à la sagesse de l’Homme qui, je n’en doute pas un instant, saura inventer notre nouveau devenir.

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31 octobre 2014

Une belle expérience

J'ai quitté le CESEL à la suite d'un renouvellement des acteurs composant cette Assemblée.

... après un peu plus de 6 années au cours desquelles j'ai connu, vécu des expériences riches tant au niveau des réflexions conduites au regard de thèmes très variés qu'auprès de conseillers toujours aussi intéressants que tolérants malgré les origines très diverses des uns et des autres.

La féminisation de cette Assemblée est un atout par ailleurs très riche et qui mérite de se voir copier, entre autre par le monde politique ! 

Une période de vie participant à la construction de l'expérience.

31 octobre 2014

La fin du système social français ?

Dans mon esprit une question est redondante depuis quelque temps maintenant. Je vous la livre à l’état brut.

Serions-nous parvenu au terme d’un cycle qui remettrait en cause notre système social - érigé en modèle - , système qui a démontré tout son intérêt depuis qu’il a été mis en œuvre à la fin de la seconde guerre mondiale et pris du volume au fur et à mesure des années ?

Nous ne pouvons nous permettre de faire l’impasse sur un certain nombre de questions. C’est notre réflexion que nous devons nourrir, que nous devons partager, que nous devons enrichir afin d’être en mesure de proposer, exposer, défendre une certaine vision de la société dans laquelle nous voulons nous inscrire.

 Le Commissariat à la Stratégie et à la Prospective a demandé à la TNS-SOFRES de mener une étude qualitative en janvier 2014 sur la perception dont les Français envisageaient le devenir de la société française dans les 10 prochaines années. Des jeunes, parents, retraités, chefs d’entreprise etc. ont été interviewés.

Il en ressort globalement une perception dégradée de la société et de l’économie française.

Les plus âgés s’avèrent pessimistes, alors que les jeunes et les chefs d’entreprise aperçoivent des pistes pour sortir du déclin. Est-ce si étrange ? Pas vraiment a priori !

Si le chômage reste la préoccupation majeure, il n’en demeure pas moins que la majorité estime que le système français doit absolument se réformer.

Un aspect, inscrit comme une priorité dans l’esprit de la population, domine quant à la pérennisation du système social, faire la chasse aux abus et trouver le retour à la croissance. Même si une logique universaliste reste le socle de base, une possible modulation des droits apparaît.

Pour un grand nombre de français, la République manque de cohésion, avec derrière cette remarque 2 discours à savoir que pour les uns cela est du au manque de respect de la loi (incivilités, refus d’intégration) et pour les autres ce fait est marqué par l’absence de solidarité entre les différentes catégories de la population.

On peut noter que si les Français s’avèrent attachés aux fondamentaux de notre modèle économique et social, ils mettent en avant la nécessité d’évolutions qui semblent incontournables.

Il apparaît donc que le développement de notre système social a conduit de facto à un système mêlant contributivité et universalité. S’opposent ainsi les domaines de la protection sociale à vocation universelle (maladie par ex.) et d’autres plus contributifs comme le chômage ou la retraite ou plus ciblés comme la famille.

La préoccupation majeure de nos concitoyens fait référence à une augmentation certaine des inégalités, suivie par des inquiétudes d’ordre économique, financier, voire écologique. A 72%, ils estiment que des tensions importantes vont prendre forme entre les différents groupes composant la société française.

A ces points évoqués s’ajoute une autre inquiétude, relayée par le monde politique et médiatique, liée à la situation de l’endettement de l’Etat, ce qui se traduit par le souhait d’une réduction forte des dépenses avec en corollaire un ciblage des prestations sociales.

Ceci étant dit, lorsqu’on aborde la notion de modèle social, de quoi parle-t-on au juste ?

Communément, dans sa dimension politique, il s’agit de la « composante sociale » du modèle français qui mélange allégrement les rouages de l’Etat providence et de l’économie de marché.

Aussi, on peut convenir que notre système s’articule autour de 3 piliers :

-          Les assurances sociales collectives (cotisations assises sur le travail)

-          Les prestations d’assistance (sous conditions de ressources – impôts, taxes …)

-          Les services publics gratuits et universels (éducation, santé – financement par l’Etat)

dont l’objectif est de protéger la population contre les aléas de la vie mais également bénéficier d’un cadre de vie au plus proche des besoins.

Par ailleurs, au fur et à mesure du temps qui passe, les gouvernements successifs ont intensifié le nombre de mesures qui sont venues compléter le socle de base et pour n’en citer que quelques unes :

-          la politique d’assistance aux handicapés (1975 – 2005)

-          l’instauration du salaire minimum (SMIG)

-          le revenu minimum d’insertion (RMI) suivi du RSA (1988 – 2009)

Aussi, cette architecture s’est trouvée ébranlée par la survenance de nouveaux risques (chômage de longue durée, dépendance, mobilité sociale, réussite scolaire …) mais aussi et surtout par la fragilisation des modes de financement de la protection sociale et par la crise de l’Etat providence.

Je profite de cet instant pour faire un point quant à la notion d’Etat providence, ce qui n’est pas sans intérêt dans la gestion quotidienne de la Nation. L’Etat providence ne peut pas se définir uniquement en fonction des droits sociaux accordés, d’autres éléments interviennent comme par exemple l’articulation des activités de l’Etat et le rôle du marché et de la famille dans le champ de la prévoyance sociale.

3 types d’Etat providence co-existent :

- le « welfare state » libéral dont le rôle majeur est tenu essentiellement par le marché (Canada, USA, …)

- le modèle conservateur – corporatiste où l’assurance sociale obligatoire est généralement adossée au travail (France, Allemagne, …)

- le modèle social démocrate dans lequel existe une possibilité d’indépendance individuelle (Danemark, Suède, …)

Dans lequel de ces 3 modèles souhaitons-nous nous inscrire ?

Ceci pour dire, que le modèle social français traverse actuellement une triple crise :

-          de légitimité

-          de solvabilité

-          d’efficacité

 Même Dominique MEDA, que l’on ne peut taxer de profil libéral, écrit dans son ouvrage « faut-il brûler le modèle social français ? » , que les performances de notre modèle sont bien piètres, notamment sur le plan de l’emploi, du chômage, de la redistribution et que si ce modèle a longtemps été envié, il ne suffit pas de penser qu’en augmentant les prestations cela suffit pour régler les problèmes.

Sauf que le discours, depuis quelques années, a changé dans le sens où ce modèle apparaît trop coûteux, fonctionne plutôt au profit des mieux placés et au détriment des plus fragiles. C’est un système qui privilégie la valeur d’échange plutôt que la valeur d’usage. Nous sommes par exemple très éloignés de la politique menée par les pays nordiques.

Triple crise disions-nous, point qui génère 3 questions :

-          Quelle prise en compte de la solidarité pouvons-nous supporter dans le modèle social qui est le nôtre ?

-          Quelle place pour l’impôt, les transferts et les services publics dans la redistribution ?

-          Quelle part des ressources transférées dans l’action curative devons-nous retenir au profit de l’action préventive face aux risques contemporains ?

Retenons que si notre système a accompagné le développement économique et social du pays durant plus de 50 ans, il n’en demeure pas moins qu’il traverse une crise importante et qu’il y a tout lieu de repenser les objectifs et moyens qui l’ont fait vivre jusqu’à ce jour, en tenant compte qu’il est la composante centrale de notre cohésion sociale et de l’entité française.

Les mécanismes de la solidarité reposent sur un ensemble de représentations, de symboles et d’imaginaires grâce auxquels chacun se sent lié par des droits et devoirs, des dettes et des créances (F. Dubet – sociologue)

Depuis les années 80, notre taux de chômage oscille entre 8 et 11% de la population active, l’âge moyen du 1er CDI est aujourd’hui de 30 ans, plaçant ainsi les jeunes en 1ères victimes du système. Nous connaissons un risque d’implosion financière de notre système de retraites, des déficits chroniques de l’assurance maladie depuis 25 ans, une pauvreté de plus en plus massive et « visible » etc. ce qui rend perceptible cette crise d’efficacité.

On assiste également, de façon de plus en plus visible, à une crise de légitimité au regard de la défiance permanente exercée par les citoyens entre eux d’abord, mais plus encore vis-à-vis des pouvoirs publics, des politiques, des institutions, des marchés …

Et puis, 3ème crise, les finances. Les dépenses publiques depuis 30 ans, avec 57% du PIB en 2012 sont parmi les plus élevées au monde et sont financées à crédit pour atteindre un endettement pratiquement égal au PIB, contre 20% en 1980 ! les dépenses publiques sociales représentent à elles seules 32% du PIB en 2012 contre 25% dans l’U.E.

Prenons conscience que la structuration du risque aujourd’hui est différente de celle de 1945 ; on est passé de risques sociaux courts à des risques sociaux longs (chômage, maladies chroniques, retraites, …)

A ces facteurs internes à notre société, s’ajoutent des facteurs externes comme la mondialisation qui a valu à la France de connaître une désindustrialisation massive avec une perte d’emplois de l’ordre de 2.000.000 de postes et environ 10% de notre PIB ! Par ailleurs, les évolutions technologiques ont connu un tel essor que nous vivons une révolution de civilisation avec l’avènement d’une société du savoir, peut être pleine d’opportunités, mais aussi source de risques comme le creusement des inégalités (ne parle-t-on pas d’illettrisme technologique dans certains cas ?)

Ne serions-nous pas de fait contraints, que nous le voulions ou non, à passer d’un modèle corporatiste à un modèle universaliste avec comme cadre une protection universelle, active, autonome et dotée de nouvelles formes de solidarité ?

Le modèle construit à son origine en 1945, reposait sur une approche corporatiste, liant les droits sociaux au statut professionnel du chef de famille. Même si l’évolution du système l’a rendu un peu plus universaliste, il n’en demeure pas moins qu’il repose majoritairement sur des groupements de métiers ou situations qui cherchent à faire respecter des distinctions de statuts et conditionnent les différents types de solidarité à ces groupes. Il n’est qu’un exemple à donner, celui de la multiplication des régimes de retraite.

En évoluant  vers un modèle universaliste, peut-être est-il alors possible de prendre en compte la pluralité sociale de la société civile, permettant la participation de tous, en tant qu’égaux, à l’organisation de la vie commune.

Un autre objectif de ce modèle différent pourrait être de rendre les personnes plus autonomes économiquement et socialement. En tout état de cause, l’allocation sociale devrait être un besoin transitoire pour le plus grand nombre des bénéficiaires. Ne peut on imaginer que la vraie sécurité sociale est celle dans laquelle on est acteur et pas simplement receveur ? Est-il illégitime de penser que les politiques sociales pourraient passer d’un état passif à un statut actif ? Opter pour un temps choisi plutôt qu’à une réduction du temps de travail imposée ? Imaginer les demandeurs d’emploi assurer des services pour la collectivité, se former en contrepartie des allocations perçues ? Les laissés-pour-compte étant principalement les jeunes, peut-être serait-il intéressant d’envisager une solidarité intergénérationnelle non pas essentiellement montante mais à dominante descendante, des plus âgés vers les plus jeunes ?

Le financement de notre protection sociale est assis pour sa plus grande part sur le travail, faisant ainsi supporter aux actifs le poids de celui-ci aux travers des cotisations sociales et de la CSG ! Serait-ce indécent d’imaginer qu’un tel financement repose sur d’autres bases, pourquoi pas la TVA ?

Quid par exemple de l’accès aux soins généralisé avec la CMU qui compte actuellement environ 1.7 millions de bénéficiaires, de la CMU complémentaire, 4.2 millions de personnes et pour lesquelles un certain nombre de professionnels de santé refuse l’accueil ?  Quel sort réserver à l’aide médicale d’Etat (AME) dispositif de prise en charge des étrangers en situation irrégulière ?

Que penser d’allocations telles que la prime pour l’emploi, la prime de rentrée scolaire, prime de Noël, prime de vacances …

En conclusion …

Les discriminations et les inégalités sociales et territoriales sont de moins en moins tolérées.

Nous aspirons toutes et tous à de nouvelles formes de participation, protégeons-nous des extrêmes capables d’occuper le vide politique actuel.

Je crains que l’exclusion, la violence, la maladie, la précarité, la pauvreté, les inégalités, l’instabilité des familles prennent une place de plus en plus forte dans nos actes quotidiens et pourtant je ne suis pas de nature pessimiste, loin s’en faut.

On aurait tort de croire que l’on reviendra au passé, cela n’est jamais arrivé ! Il faudra donc sortir de cette situation actuelle par des voies qui ménagent l’identité, l’histoire et la liberté économique des données de la mondialisation.

Un grand champ de réflexion et d’action s’ouvre devant nous. Saurons-nous inventer un avenir pour notre pays et nos concitoyens ?

Ces questions qui sont les miennes, mais je ne suis pas seul à me les poser, je les expose à l’état brut.

J’ai bien le sentiment d’un travail inachevé, incomplet, comme si j’étais venu chahuter un tonneau des Danaïdes dont la simple vue me donne le vertige.

J’éprouve le besoin du partage, de la confrontation, d’une vision éclairée de l’avenir, d’avis peut-être vifs, en tout état de cause d’un échange sous protection, la protection de l’humanisme, du respect et des valeurs partagées qui en grande majorité nous réunissent.

31 octobre 2014

De retour ...

Changement d'image, nouvelles pages ... les mandats électifs sont désormais derrière !

Quelques réflexions sont à venir sur les prochaines pages

A bientôt

25 mars 2012

Une page est tournée !

Une année s'est écoulée après cette riche et forte expérience !

Une page a été tournée, avec tout ce qu'elle contient en souvenirs d'une campagne, ... rencontres de citoyens en proie à leurs tracas quotidiens, échanges avec des élus (es) engagés (es) qui toutes et tous donnent une partie non négligeable de leur temps afin de répondre au mieux aux intérêts des communes qu'ils ont en charge, découverte de richesses parfois insoupçonnées d'un canton tiraillé entre l'attrait économique et social de la ville et la qualité de vie rurale ...

 La participation à une course comme celle qui a été menée dans notre canton offre, me semble-t-il, l'avantage d'un regard différent, plus éloigné des "micro événements" au profit d'une vision plus globale, plus fédératrice car, j'en suis intimement persuadé, l'avenir ne pourra se construire que par la mise en commun des points forts de chaque entité. Les " querelles de clocher " ne pourront jamais être porteuses d'avenir tellement elles sont gourmandes en énergie et créatrices de rancoeurs.

Le canton de Delme porte en lui sa géographie, son expérience, ses particularités qui le situent comme centre d'attraction d'une région en devenir. C'est une chance à saisir en dépassant certaines crises d'égo parfois trop marquées par quelques acteurs !

Je termine cette page avec une pensée toute particulière pour le Conseiller Général réélu. Brice, je te souhaite de retrouver au plus vite la forme et la santé qui t'ont manquées au cours de ces derniers mois.

Je cloture donc ce blog avec cette dernière nouvelle en remerciant une fois encore toutes celles et tous ceux que j'ai croisés(es) durant ces semaines passées et qui ont ainsi participé à cette expérience de vie.

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2 avril 2011

Reprise ...

Une semaine après le 2ème tour des élections cantonales, je reprends la main sur ce blog afin de partager, avec celles et ceux qui le souhaitent, les faits du moment ou des réflexions plus générales.

Si vous souhaitez que soient abordés des sujets particuliers, n'hésitez pas à me faire parvenir vos messages.

Cette semaine a vu, entre autre, l'élection des Présidents de Conseils Généraux. Pour la Moselle, Patrick Weiten qui, lors de sa 1ère prise de parole, a annoncé que le département ne s'engagerait pas sur le financement de la future gare de Vandières ! Je crains que cette première intervention n'augure une parfaite continuité de ce que nous connaissons depuis de trop nombreuses années, ... un mutisme permanent entre les instances dirigeant la Moselle et les autres partenaires lorrains. J'ai toujours beaucoup de difficultés à comprendre comment des responsables politiques vivants sur un même territoire en sont encore aujourd'hui à se tourner le dos. Quel devrait être l'objectif recherché ? Une posture personnelle, égocentrée ou l'évolution d'un territoire pour un accroissement du bien-être de la population ?

Autre surprise ! Christian Poncelet, 83 ans réélu pour la .......ème fois (à ce stade on ne compte plus) Président du département des Vosges et tout ceci au bénéfice de l'âge. En face de lui, Philippe Faivre (et oui ... un cousin vosgien !) et membre de l'UMP lui aussi comme son Président. Ce face à face (guerre fraticide) promet de belles empoignades au sein de cette Assemblée et quelques jolies contorsions pour faire adopter les projets. On est cependant en droit de se poser quelques questions quant à la vision d'avenir d'un homme qui aura 85 ans à la fin de son mandat !

Une fois encore, et c'est là où je souhaite en venir, nos Hommes politiques auraient beau jeu à mettre de côté leurs égos surdimensionnés et enfin opter pour une vision collective de la vie et non pas individualiste comme c'est trop souvent le cas. Durant toute la campagne passée, j'ai développé l'idée de mettre l'Homme au centre de nos réflexions et non un homme. C'est, me semble-t-il, en oeuvrant ensemble que nous pourrons peut être à nouveau intéresser nos concitoyens à retourner vers les urnes.

En réélisant Michel Dinet, seul candidat par ailleurs, nos voisins de Meurthe et Moselle paraissent nous donner le sens d'une action plus collective. Ce dernier a indiqué qu'il entendait impliquer beaucoup plus les citoyens dans les réflexions qu'il entend mener. Exemple à suivre ? ... en tout cas à observer de près !

Vous aurez compris, au cours des pages que j'ai écrites, que j'ai un profond respect pour nos anciens et que nous devons mettre en oeuvre toutes les mesures pouvant leur apporter la sérénité. Peut-être certains pourraient-ils se poser la question de leur mission. Certains moments de la vie ne sont-ils pas dévolus à la sagesse, au conseil, à la mise en garde, à la réflexion ? Nous pourrions nous inspirer des pratiques africaines et des sages dans leurs villages.

Le 23 février dernier, j'écrivais un billet intitulé "Abus de vieillesse". La réalité des faits rattrappe mes propos, sujet de ma prochaine page.

27 mars 2011

Merci à toutes et tous

Je n'attends pas plus longtemps pour vous remercier toutes et tous.

C'est un véritable encouragement au changement que vous m'avez, ainsi qu'à ma remplaçante Marylise Collard, signifié. En nous accordant 40% des voix sur le canton, vous avez marqué les premiers points de ce que vous souhaitez.

Je peux comprendre que le changement est source de crainte, qu'il est parfois plus facile de garder ce que l'on connaît ! Cependant c'est ensemble que nous pourrons faire en sorte que notre canton existe encore dans 3 ans au moment de la réforme territoriale. C'est ensemble que nous pourrons préparer l'avenir, non pas dans la crainte, mais avec l'espoir de vivre mieux encore, voire simplement de ne pas être oubliés.

Après cette campagne où nous avons visité les 35 communes en porte à porte, tenu 19 réunions publiques et distribué à 5 reprises nos propositions, vous savez que vous pouvez compter sur nous.

Encore une fois je vous adresse mes plus sincères remerciements.

Bien à vous.

 

25 mars 2011

Neutralisation du site pour le 2ème tour des élections cantonales

 

 

Sans_titre

25 mars 2011

Blog neutralisé !!!

Vincent Franchi (UMP), demande au tribunal d'"enjoindre" Christophe Grebert (MODEM) de "cesser toute propagande électorale" via le site de microblogging Twitter sous peine d'une astreinte de 1 000 euros par message constaté ainsi qu'une condamnation à plusieurs milliers d'euros d'amende.

Franchi s'appuie sur l'article L. 49 du code électoral qui interdit de diffuser "au public par voie électronique tout message ayant le caractère de propagande électorale" dans les dernières 48h avant l'élection.

Il n'y a pas encore de jugement, mais Grébert s'est engagé pour preuve de sa bonne foi à ne pas twitter lors du second tour.

Toujours respectueux des textes, je vais donc appliquer, moi aussi, cette réglementation, en vous rappelant que vous pouvez toujours lire ce que j'ai écrit avant ce soir minuit, et entre autre un programme que je souhaite développer pour notre canton.

Nous n'en sommes plus à l'époque où il suffit de dire ..."voilà ce que j'ai fait ...", mais peut être préciser ... "voilà ce que je souhaite développer au cours des années à venir !"

Votre votre est important.

Il conditionne notre avenir, celui de vos parents et de vos enfants.

Votez et faites voter. Je vous en remercie sincèrement.

24 mars 2011

OSONS

Osons regarder ensemble vers l'avenir

Ensemble_nous_pouvons_avec_un_vrai_programme   (cliquez sur ce lien)

 

L'avenir n'est pas réservé au notables, il vous appartient !

Ne laissons pas passer notre chance.

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